Jérôme Aké Béda

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Jérôme Aké Béda : le meilleur sommelier suisse est… ivoirien
Récemment élu meilleur sommelier de Suisse par le prestigieux guide Gault & Millau, Jérome Aké Béda, maître d’hôtel d’origine ivoirienne, a accepté de répondre à quelques questions et de partager sa passion du vin avec Forbes Afrique.

FORBES AFRIQUE : Quelles sont les qualités d’un bon sommelier ?

JÉRÔME AKÉ BÉDA : Un bon sommelier doit avoir une bonne mémoire et beaucoup de tact pour pouvoir satisfaire ses hôtes dans le choix d’un vin… De surcroît, il doit posséder une passion, une curiosité et de l’humilité car une personne, qu’elle soit un amateur ou un professionnel, ne connaît jamais assez le vin. La culture du vin est un apprentissage qui dure toute la vie.

Vous affirmez que « il y a plus à dire dans un verre de vin que, parfois, dans les livres ». Pouvez-vous préciser ?
J.A.B. : Pour remettre l’église au milieu du village, je dirais que cette citation n’est pas de moi. Elle est inspirée de ce qu’a dit Louis Pasteur : « Il y a plus de philosophie dans une bouteille de vin que dans tous les livres. » A vrai dire, pour obtenir un verre de vin, il faut environ 120 jours depuis le début du cycle végétatif jusqu’à la véraison qui est l’étape finale de la maturation des raisins que l’on cueille après coup pour élaborer le vin. Viennent ensuite la phase de la vinification et l’élevage du vin jusqu’à sa mise en bouteille pour la consommation. Toutes ces étapes se retrouvent dans un verre de vin et tout bon dégustateur doit pouvoir le transcrire par des mots appropriés, car le vin est un symbole et un moyen de communion sociale lors d’un repas. La table des convives place chacun au même niveau social et le verre de vin aidant à délier rapidement les langues devient parfois un vecteur d’indulgence, de compréhension et de sympathie.

Plusieurs pays africains se sont lancés dans la production viticole. Quels sont, selon vous, les ingrédients nécessaires pour produire un vin de qualité ?
J. A. B. : J’ose penser que ces projets viticoles ont été précédés d’études ampélographiques, car la vigne étant une liane, elle peut naturellement pousser partout mais cela ne garantit pas pour autant que l’on puisse confectionner un bon vin. Pour fabriquer un vin, il est important d’avoir une connaissance de l’adéquation du cépage, du terroir et du climat. Le vigneron met ensuite tout cela en musique.

De plus en plus de citoyens africains consomment du vin. Pensez-vous que c’est un effet de mode ou une ouverture durable vers la culture du vin ?
J. A. B. : Je pense que c’est un signe d’ouverture durable qui, selon moi, ne date pas d’hier. Pour celles et ceux qui ont connu la Côte d’Ivoire il y a vingt ou trente ans, ils vous diront que c’était un îlot de stabilité où l’on trouvait de nombreux restaurants proposant des vins de renom, mais que peu d’Ivoiriens pouvaient s’offrir. Aujourd’hui, avec la paix et le développement économique qui prévalent, je ne suis pas étonné de voir l’émergence d’une catégorie d’Ivoiriens qui s’intéressent activement à la culture du sang de la terre.

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